Belfast (6/10)

 














|Grande-Bretagne - 2021|

|Chronique d'époque|

|98 minutes - Mixte - v.o. : anglais|

|Réalisateur: Kenneth Branagh|

Avec sa consécration au TIFF et la réussite d’un autre drame semi-autobiographique monochrome, Roma d’Alfonso Cuarón, il y a trois ans, Belfast est promis à un succès certain durant la saison des prix.


Dans ce nouveau film, Kenneth Branagh relate « les troubles » qui ont secoué Belfast et sa vie quotidienne durant l’année 1969. En interview, il évoque avec éloquence les images qui l’ont hanté dans son quartier d’enfance : les barricades, le sable tapissant la rue, les émeutes, les fenêtres éclatées. Pourtant, dans ce quartier, tout le monde, protestants comme catholiques, semblait bien s’entendre jusqu’au jour où les émeutes ont débuté. Dans Belfast, on voit « les troubles » d’Irlande du Nord sans chercher à en expliquer leurs causes. En effet, on assiste plutôt à toute la confusion causée par cette succession d’images surréelles et aux tentatives de Buddy, l’alter ego de Branagh, pour y trouver un sens. Et pourtant, le récit garde la candeur d’un enfant au milieu de la mise à l’épreuve que subit sa ville en guerre et sa famille en proie aux difficultés financières. Rien n’est plus comme avant, dans la Belfast qu’il avait connue.


L’omniprésence de ces difficultés est représentée par la palette de couleur, « noir et blanc », et pourtant on y retrouve des élans de tendresses et d’optimismes représentant cette parcelle de naïveté d’enfant qui ne veut pas vieillir. Le jeune Buddy, comme les gens de son âge, va au cinéma avec son père, au théâtre avec sa grand-mère. Là où il peut s’évader des soucis du monde adulte, son regard s’illumine brièvement de couleurs. Les images des films ou des pièces de théâtre sont alors elles-mêmes en couleur. Il joue au football avec son frère, discute de la vie avec son grand-père et connait son premier amour d’enfance avec une collègue de classe, Catherine. Cette naïveté, cette tendresse, c’est à la fois la force et la faiblesse d’une œuvre comme Belfast dans lequel parfois il nous arrive de contester la vraisemblance de son point de vue d’enfant, et la vision simpliste qui fait des antagonistes, des caricatures peu intéressantes.


Mais, Belfast c’est aussi comme son nom y laisse penser, un bel hommage à la ville natale de Branagh et de certains des acteurs, notamment Jamie Dorman, Ciarán Hinds. Sous la trame sonore parsemée de morceaux composés par des musiciens originaires de Belfast tels que Van Morrison, le film s’ouvre et se clôt en couleur en nous faisant ainsi survoler à vol d’oiseau une Belfast moderne qui a su prouver sa résilience. C’est d’ailleurs aux Belfastois, à « ceux qui sont restés », à « ceux qui sont partis » et à « ceux qui se sont perdus » qu’est dédicacé le film. L’un des plans les plus marquants nous montre un « mur de la paix ». Se souvenant alors des « troubles » et des clôtures physiques et sociales ayant divisé l’Irlande du Nord.

Somme toute, c’est un film que j’arrive à recommander pour ces performances d’acteurs impressionnantes (mention spéciale au jeune Jude Hill) et pour sa sensibilité touchante, son côté personnel à l’auteur.


Buddy regardant l'écran de cinéma dans Belfast

Une barricade à Belfast


Un « mur de la paix » à Belfast

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