Notes des Film Médiocres no 1

 

El Topo (1970)

Il y a une grande ironie à utiliser le western, surement le genre cinématographique le plus américain, qui soit pour faire un film qui tire inspiration de toutes les mythologies possibles sauf de la mythologie américaine. Jodorowsky montre donc l’extension du Western plus que l’extension vers l’Ouest. Peut-être qu’on peut apprécier le film de ce point vu. Par contre, on sera déçu de voir que le mysticisme du film ne passe qu’à travers le prisme de la brutalité et que toutes métaphores passent d’abord par l’envie qu’elles soient violentes avant tout. Il y a une scène dans le film où El Topo après avoir secouru Mara de bandits risiblement caricaturaux décide de la violer. Au-delà de la controverse au tour de cette scène et des propos de Jodorowsky la concernant. Elle ne sert à rien d’autre qu’à être là dans le film pour provoquer. Bien qu’elle ait un effet sur la trajectoire psychologique du personnage féminin dans le sens ou effectivement le personnage est moins réservé par la suite. Ces conséquences paraissent accessoires, on sait bien que les viols n’ont pas ce type d’effets. La scène a été inclue sans jamais qu’il y ait une réflexion sur les véritables idées qui y étaient véhiculées. El Topo regorge de telles scènes qui cherchent leurs significations après avoir été filmées pour provoquer.

(5/10)

Triomphe de la volonté (1935)

Au regard de la manière dont Triomphe de la volonté a été utilisé durant la Seconde Guerre mondiale, il est impossible de distinguer la politique de l’art. Mais, on n’a nullement besoin de ces considérations pour déterminer que le film est nul. Le film dispose d’une certaine maitrise technique, mais il reste froid et répétitif. Jamais Hitler ni ses idées ne paraissent réellement sympathiques. Hitler sourit à un chat durant un défilé, mais ce sourire est tellement court et relégué sur le coin de l’écran qu’il est facile de le manquer ou de le mésinterpréter. Hitler reçoit un bouquet de fleurs d’un enfant durant ce même défilé, on dirait qu’il lui arrache des mains et que sans le regarder il le dépose à côté de lui. J’ai dit que ces deux évènements provenaient du même défilé, mais ils pouvaient tout aussi bien provenir de deux défilés différents puisque le film n’est qu’un enchainement de tels défilés (avec ici et là des discours), il est facile de tout confondre. Le tout par la répétition finit par être ennuyant et demeure peu convaincant. S’il y a une chose dont on doit se soucier par rapport à ce film, c’est que jamais la pensée de Hitler et de l’idéologie nazie n’est décrite de telles manières qu’elle semblerait problématique à quelqu’un qui ne connaitrait pas les fondamentaux de la Seconde Guerre mondiale.

(4/10)

Destination Ultime (2000)

Pendant la durée totale du film, on attend que celui-ci transcende un peu son postulat de départ. Finalement, l’attente est vaine, car Destination Ultime n’a rien à dire. Lire le synopsis pour voir comment les différents personnages mourront n’a pas moins d’intérêt que de regarder le film. Les acteurs jouent mal, les dialogues sont mal écrits. Les morts ont l’air tout droit sorties d’un mauvais Giallo et encore je crois que comparer ce film à un mauvais Giallo est un trop grand honneur. Le protagoniste est censé avoir des parents dans la première scène du film. On ne les revoit plus après, on ne sait pas ce qui leur est arrivé.

(2/10)

 

 

Moonlight (2016)

On aimerait revenir dans le temps pour ne pas corriger l’erreur qui s’est produite aux Oscars. Mais, trêve de plaisanteries. Il y a un bon film qui se cache derrière Moonlight. Le film sait aller au-delà des préjugés qu’on pourrait avoir sur certains classes sociales ou métiers tels que celui de revendeurs de drogues. Ce n’est aucunement révolutionnaire, mais c’est un début. L’erreur de Barry Jenkins c’est d’éviter les clichés en allant dans des représentations trop positives et manquant de nuances. On arrive à un point où le personnage de Mahershala Ali est si bon qu’il faudrait le renommer Saint-Juan de Miami. L’empathie ne semble à créer pour le personnage qu’à travers des portraits mélodramatiques de leurs enjeux. La mise en scène de Barry Jenkins cherchant constamment la plus belle lumière pour éclairer la peau de ses personnages n’aide pas. Cela dit, Moonlight ne manque pas de conflits et on peut lui donner que tout rose bonbon et mélodramatique qu’ils soient, on s’intéresse aux destins des personnages que Barry Jenkins écrit. (5/10)

Civil War (2024)

Civil War pourrait quand même avoir quelque chose d’intéressant à dire sur le journalisme ou la politique sans prendre position.  Il y avait moyen d’être nuancé. Malheureusement, le film ne parvient pas à trouver ce moyen. Il est assez clair que le méchant est le président lorsqu’on le compare à Mussolini et aux autres dictateurs. Garland voulait éviter d’opposer les républicains aux démocrates, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’antagoniste dans le film. Il en avait encore besoin parce que son film s’adresse principalement au grand public qui veut un méchant. Ce méchant est le fascisme puisque personne n’aime le fascisme. C’est donc une cible facile. Le problème avec le film est qu’il n’a pas réalisé qu’il y avait un juste milieu entre être apolitique et dénigrer l’un des deux principaux partis. S’il l’avait réalisé, il aurait probablement dit quelque chose de plus intéressant. Regardez le travail de Maroun Bagdadi. Il a réussi à créer une fiction sur une guerre civile au milieu de la guerre civile qu’il décrivait. Ses films dénonçaient la guerre sans même être une simple histoire bon/mauvais. Il parvient également à mettre en lumière le travail du journalisme de guerre d’une manière qui semble sincère et méditative. Les journalistes d’Alex Garland ne sont qu’une porte d’entrée pour nous montrer les mêmes vieilles séquences de guerre.

(5/10)


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