Journal de court métrages expérimentaux no 2
Image provenant de Very Nice, Very Nice (1961) |
Very Nice, Very Nice par Arthur Lipsett
(1961)
Montage
rapide de vidéos d’archives, de publicités, de portraits d’étrangers dans la
rue avec occasionnellement des commentaires provenant d’interviews. Arthur
Lipsett porte en couplant ces différences sources, des commentaires sur la vie
de l’après-guerre qui certainement ne manque pas de tranchants.
On
y critique le monde compétitif et violent en comparant les files d’autos à des
armées marchant en cadence. En comparant les visages des passants à ceux des
protagonistes de Neighbors de Norman McLaren. On y parle d’une certaine perte
d’identité en faisant onduler le visage d’un passant sous la phrase « what is
your name my friend ». On y dit que les gens ont cessé d’être vraiment
impliqués dans quelque chose en montrant des passants vacants à des occupations
mondaines juste avant de montrer l’image d’un soldat mort sous la phrase «
really involved ». Il y a aussi dans le film cette obsession à créer des
antithèses entre image et son, parfois c’est banal, en montrant par exemple un
signe indiquant de tourner et en utilisant un morceau d’archives sonore disant
« straight ahead ». D’autres
fois, c’est plus profond, en montrant une explosion nucléaire sous un extrait
sonore disant « if you feel well no matter what happens you will feel well. » Cette
dernière idée, il est fort plausible que Stanley Kubrick l’ait repris pour le
final de Dr. Strangelove, musique joyeuse sur fond d’explosions atomiques,
surtout considérant la lettre d’admiration qu’il a envoyée à Arthur Lipsett
concernant ce film.
Finalement,
Very Nice, Very Nice c’est, contrairement à ce que son titre sarcastique
indique, une réflexion pessimiste sur notre société. On y est obsédé par les
répercussions de la guerre, par la mort (qui apparait dans le film sous forme
de tête en papier mâché inquiétante par-dessus la foule). Lipsett se demande si
la chaleur et la lumière vont retourner dans le monde. La réponse à cette
question semble varier du non de l’adulte au oui de l’enfant. Mais, ce qui est
certain c’est que pour se poser cette question, il faut que le monde soit dans
un état plutôt désaffecté, le temps n’est pas à la célébration. On pourrait
parler de cynisme dans ce film, mais l’humour et l’innovation formelle avec
lequel ce terrain est abordé, empêche le film d’être purement réactionnaire et
convenu.
Marking Time par Malcolm Le Grice
(2015)
Je n’ai pas vu ce film en 3D comme recommandé par Malcolm Le Grice, donc
je ne peux qu’imaginer la sensation de percevoir ces formes colorées apparaitre
spontanément dans le vide. Le jeu de perspective doit être fort intéressant. En
revanche, je reste intéressé par la manière dont ces images ont été produites.
Malcolm Le Grice garde la sonorité de la nature sans la déformer outre mesure
alors que pour l’image ça semble être le cas. Derrière les formes géométriques,
on croit pouvoir apercevoir de l’herbe, de l’eau, et même à un certain moment
un feu de camp. Si mes impressions sont bonnes, je trouve fascinante l’idée de
simplifier une partie de la réalité à des formes géométriques. Cela permet de
voir la lumière autrement peut-être comme lorsque les yeux fermés, on voit des
phosphènes.
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